07.89.78.21.88. Urgences pénales et droit du travail - 04.32.76.30.18.

DG : Bonjour M. AIRACHE, vous ne venez pas m’annoncer une grève au moins

DRH : Non, rassurez-vous M. LASSURE, je viens vous soumettre quelques propositions pour une meilleure administration du personnel.

Le DG soupire et regarde sa montre.

DG : J’espère que ce ne sera pas long, c’est que j’ai un Conseil d’administration à préparer moi, on est en période d’arrêté des comptes. D’ailleurs l’EBITDA n’est pas bon, le résultat d’exploitation est négatif, la masse salariale est obèse, alors ne venez pas me réclamer des sous car de sous il n’y en a point. Je n’ai rien à distribuer aux camarades salariés.

DRH : Non, rassurez-vous M. LASSURE, je viens au contraire vous proposer de faire des économies.

DG : Alors là vous commencez à m’intéresser, AIRACHE.

DRH : Eh bien voilà, cela concerne les frais de missions professionnelles de nos salariés. Il se trouve que le forfait URSSAF n’est plus adapté et qu’il faudrait passer au remboursement de frais au réel, c’est-à-dire sur factures.

DG : Oulala, AIRACHE, ça, ça voudrait dire qu’on explose les plafonds des forfaits URSSAF, sans compter la paperasse des factures à viser et à saisir. Vous en avez parlé au comptable ?

DRH : Oui, absolument, et M. LECONTE est d’accord avec moi, il faut stopper certaines pratiques.

DG : De quelles pratiques parlez-vous ?

DRH : Eh bien voilà. Comme vous le savez, les forfaits URSSAF s’appliquent sans justificatifs de frais. De plus, ils sont non imposables, si bien que les salariés en ont fait une source de revenus complémentaire au prix de petites combines.

DG (l’œil suspicieux) : Des combines ?

DRH : Eh bien par exemple ils se regroupent à trois ou quatre dans une chambre d’hôtel pour limiter les frais, ils cuisinent dans les chambres au lieu de manger au restaurant, sans compter ceux qui dorment directement dans leur voiture. Résultat, ils arrivent fatigués sur les chantiers. On risque une augmentation des accidents du travail. Sans compter qu’on ne peut rien vérifier puisqu’au forfait il n’y a pas de factures. J’ai cru comprendre que certains pratiquaient le « fini parti », c’est-à-dire arrivée le lundi après-midi et départ le jeudi soir. Pas de factures, pas de dates. Je pense qu’il faut remettre un peu d’ordre dans tout ça.

DG : Et les syndicats, vous en avez parlé aux syndicats ? Vous croyez qu’ils vont être d’accord pour revenir au système des bonnes vieilles factures ? Quand ils arrivent fatigués au siège social à Paris, vous croyez qu’ils ont fait quoi la veille ? Avec quoi croyez-vous qu’ils les paient leurs sorties aux Folies Bergères ? Vous croyez qu’ils ont envie de nous envoyer les factures de ce qu’ils font de leurs nuits parisiennes ?

DRH : Mais enfin, les représentants du personnel représentent les intérêts du personnel, et non pas leurs petits intérêts catégoriels. Il ne s’agit pas de négocier une augmentation générale ou une prime, il s’agit simplement de rembourser les frais réels engagés dans le cadre d’une mission professionnelle. Si les frais sont justifiés, ils seront remboursés, voilà tout. Et sur facture on peut dépasser le forfait URSSAF sans que ce soit soumis à charges sociales, le tout passant en charges d’exploitation, avec au final des ouvriers frais et dispo le matin sur les chantiers…

DG : Eh bien AIRACHE, tout ceci découle du bon sens, je n’y vois pas d’inconvénient, sauf si les syndicats m’embêtent au prochain Comité social et économique. Si c’est le cas, vous attendrez l’année prochaine pour la prime que je vous avais promise…

DRH (il déglutit avec peine) : Bien M. LASSURE

Le DG consulte ostensiblement sa montre

DG : Autre chose ?

DRH : Oui, ça concerne les tenues de travail.

DG : Oui eh bien quoi encore ?

DRH : Eh bien les ouvriers reviennent à la charge pour le remboursement des frais de nettoyage des tenues que nous leur imposons sur les chantiers

DG : Non mais, on les habille pour travailler et il faudrait en plus leur payer le pressing ? Et d’abord, est-ce qu’ils ont une clause dans leur contrat de travail qui prévoit une prime de nettoyage ?

DRH : Non, pas que je sache, mais…

DG : Dans la convention collective ?

DRH : Non, mais…

DG : Dans un accord de branche ?

DRH : Non, mais…

DG : Alors, pourquoi voulez-vous…

DRH : …C’est que la Cour de cassation a rendu un arrêt qui dit qu’à partir du moment où la tenue de travail est obligatoire, il faut rembourser les frais de nettoyage, et ceci même si les contrats de travail ne prévoient pas le versement d’une prime de nettoyage.

DG : Ah parce que vous croyez que nos ouvriers ont le temps de consulter les arrêts de la cour de cassation sur LEGIFRANCE ?

DRH : Eux non, mais BOUILLON, le délégué syndical, oui. A chaque fois il revient à la charge, il fait une fixation sur le sujet. Je vous rappelle que son épouse tient un pressing avenue de la gare.

DG : Eh bien recevez le, prenez le BOUILLON, Ahaha, mes hommages à Madame, et n’oubliez pas de négocier un tarif de groupe !

 

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