Un individu d’une vingtaine d’années erre dans la salle des pas perdus du Palais de justice. Nerveux, il cherche quelqu’un qui pourrait le renseigner. Il aperçoit un avocat en robe qui traverse le hall. Il s’avance et se porte à sa hauteur. L’avocat ne le voit pas, il est perdu dans ses pensées (ou sa prochaine plaidoirie). L’individu lui barre la route et lui demande tout de go :
L’individu : Maître, je peux vous poser une question ?
L’avocat : bonjour monsieur, que puis-je faire pour vous ?
L’individu : eh bien voilà, j’ai reçu une convocation, ou plutôt deux convocations. Une pour ce matin, à 8h30, et l’autre pour cet après-midi, à 14h00. Je ne comprends pas.
L’avocat lit les deux convocations.
L’avocat : effectivement, vous êtes convoqué en CRPC le matin, et en audience du tribunal correctionnel l’après-midi.
L’individu : Maître, c’est quoi une CRPC ?
L’avocat relève la manche de sa robe, il consulte sa montre en fronçant les sourcils. L’individu a les yeux grands ouverts, il fixe l’auxiliaire de justice avec insistance.
L’avocat : Eh bien c’est écrit dessus. Il s’agit d’une Convocation sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité, CRPC…
L’individu : Ah…
L’avocat : Visiblement vous avez commis une infraction, a priori vous avez conduit un véhicule en faisant usage de cannabis et de cocaïne, substances classées comme stupéfiants. Le Procureur de la République (ou son substitut) va donc vous proposer une ou plusieurs peines en application de la procédure de CRPC.
L’individu : et la convocation de l’après-midi ?
L’avocat : ça c’est uniquement si vous ne vous présentez pas le matin ou si vous refusez la proposition que va vous faire le Proc. ce matin. Mais si vous acceptez, inutile de vous présenter l’après-midi.
L’individu : mais la coke j’vous jure c’est pas moi, ils se sont trompés avec leurs tests salivaires, c’est pas fiable, y a forcément une erreur.
L’avocat : dans ce cas, si vous contestez les faits, pas la peine de vous présenter à la CRPC ce matin, présentez vous directement à l’audience de l’après-midi.
L’individu : oui mais alors je risque d’aller en prison, non ?
L’avocat : je ne connais pas votre dossier ni vos antécédents judiciaires, mais si la coke c’est bien vous, je vous conseille de reconnaître votre culpabilité en CRPC, les peines sont moins lourdes en général, mais il vous faut impérativement un avocat, alors que ce n’est pas obligatoire pour l’audience « classique ».
L’individu : Ah bon, alors le matin la peine est plus légère mais il faut un avocat et l’après-midi la peine peut être plus lourde et y a pas besoin d’avocat ? C’est pas logique !
L’avocat : en CRPC tout va très vite, on vous propose une peine et vous acceptez ou vous refusez. Normalement, vous pouvez demander un délai pour réfléchir, mais en pratique… donc l’avocat est là pour vous conseiller et vous aider à accepter ou refuser la peine proposée.
L’individu : et si j’accepte ?
L’avocat : dans ce cas on passe à la seconde étape, l’audience d’homologation par un autre juge, qui peut accepter ou refuser la peine proposée par le Proc.
L’individu : mais pourquoi il refuserait, le deuxième juge ? Pourquoi il ne serait pas d’accord avec ce que propose son collègue ? Si les juges commencent à ne plus être d’accord entre eux, où va-t’on ?
L’avocat : le juge homologateur peut estimer que la peine proposée par le Proc. est trop légère.
L’individu : ben voyons, alors il faudrait croupir longtemps en tôle pour qu’il soit content l’autre juge, c’est ça hein ?
L’avocat relève sa manche et consulte sa montre.
L’avocat : l’avocat est là pour vous conseiller, pour plaider votre cause et défendre la solution choisie avec le Proc., à condition que celle-ci soit adaptée à votre situation.
L’individu : et donc pas d’audience l’après-midi
L’avocat : c’est ça, pas d’audience publique, pas de journalistes, pas de débat sur les faits, donc pas de risque d’une mauvaise surprise.
L’individu : Maître, vous êtes dispo à 8h30 ?
L’avocat relève sa manche et consulte une nouvelle fois sa montre, puis les deux hommes se dirigent vers la salle dédiée aux CRPC. Ils se mêlent à l’attroupement de gens fébriles agglutinés devant le rôle (tableau d’affichage des audiences) que l’huissier d’audience vient de scotcher sur la porte.
Ceci est une fiction.
Les échanges entre un avocat et son client sont couverts par le secret professionnel le plus absolu.
Toute ressemblance ou similitude avec un personnage existant ou ayant existé ne serait que purement fortuite.
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