07.89.78.21.88. Urgences pénales et droit du travail - 04.32.76.30.18.

L’avocat commis d’office attend le détenu (son client) dans une salle attenante à la salle d’audience de la Commission de discipline d’un centre pénitentiaire. Le détenu arrive très énervé.

Le détenu : Mais vous êtes qui vous ?

L’avocat : Monsieur DURACUIRE ?

Le détenu : Ben oui c’est moi, mais j’ai choisi mon avocat moi, j’ai pas demandé l’avocat commis d’office !

L’avocat : Maître VOIDOR est indisponible, il est aux assises, il ne vous a pas prévenu ?

Le détenu (il s’asseye en se laissant tomber sur sa chaise) : Ben non…

L’avocat : Je suis Maître VOIDEPLOMB, avocat de permanence pour les commissions de discipline de la semaine, et si vous le voulez bien, on va parcourir votre dossier que je découvre à l’instant…

Le détenu (s’avachit sur le dossier de sa chaise et croise les bras, l’air suspicieux) : …

L’avocat : Alors, il vous est reproché les faits suivants : Ce jour le 13/09/2024, lors de la fouille décidée par l’encadrement, il a été saisi dans votre cellule, dissimulé dans la porte du freezer, 107 g de produit s’apparentant à de la résine de cannabis. Nous avons également saisi un téléphone de marque L8 Star de couleur gris chargé à 70 % et un smartphone de la marque Danew de couleur noire, 5 chargeurs USB, des écouteurs, 2 hamburgers provenant d’un fast food. Détenu avisé du présent CRI. Chef de poste avisé.

Vous avez ajouté :

« Je m’en bats les couilles, tu peux m’en mettre autant que tu veux des comptes rendus d’incidents »

Détenu avisé du présent CRI. Chef de poste avisé.

Le détenu : ils n’étaient même pas tièdes

L’avocat : je vous demande pardon ?

Le détenu : les hamburgers, ils n’étaient même pas tièdes, c’est pour ça qu’ils ont fini dans le frigo.

L’avocat : donc vous reconnaissez que le colis projeté en promenade vous était destiné ?

Le détenu : Oh la la non ! Mais c’est qui ce ouf ? Seuls les hamburgers sont à moi, pas le shit et le reste !

L’avocat : Ah, donc les hamburgers sont à vous mais pas le reste. Mais alors, à qui appartient le reste ?

Le détenu : je sais pas moi, à quelqu’un d’autre, forcément…

L’avocat : oui, jusque-là ça me semble logique, si ce n’est pas à vous c’est forcément à quelqu’un d’autre, mais…

Le détenu (suspicieux) : …mais ?

L’avocat : Eh bien, c’est qu’il va bien falloir plaider quelque chose tout à l’heure…

Le détenu : Maître c’est pourtant simple ! Je ne vais pas vous apprendre le métier. Vous plaidez que les hamburgers ont été mis dans le frigo de ma cellule à l’insu de mon plein gré et que je ne les ai pas touchés et voilà, vous demandez la relaxe !

L’avocat : la relaxe, comme vous y allez… Admettons pour les hamburgers, mais le shit, les téléphones et le reste de la quincaillerie ça vient d’où ? C’est de qui ? C’est destiné à qui ? Vous avez subi des pressions, c’est ça hein ? On vous a obligé à faire la nourrice ?

Le détenu : pffff ! mais pas du tout ! Nourrice… n’importe quoi ! Et pourquoi pas chouf ou charbonneur !  Et puis balance tant que vous y êtes !

(le détenu laisse tomber ses mains à plat sur le bureau qui le sépare de son avocat, il dresse ses épaules et rapproche son visage de celui de l’avocat)

Non mais sans déconner Maître, ici tout le monde fume du shit livré par drones et il y a plus de téléphones en circulation que de matelas. Vous avez de quoi plaider cent fois la relaxe. C’est easy ! A votre place, Maître VOIDOR obtiendrait la relaxe fingers in the nose ! (le détenu se met deux doigts sous le nez)

L’avocat : le colis a été trouvé sous votre matelas mais il appartient à votre co- détenu, c’est bien ça ?

Le détenu : Oh la la doucement, où il va lui ? J’ai pas dit ça moi, mon co n’a rien à voir là-dedans. Vous voulez que je me fasse moulonner dans les coursives ou quoi ? Vous êtes malade !

L’avocat (il se gratte la tête, pensif) : Bon, et concernant les insultes et l’outrage envers une personne chargée d’une mission de service public ?

Le détenu : De qui de quoi ?

L’avocat : Les : « Je m’en bats les couilles, tu peux m’en mettre autant que tu veux des comptes rendus d’incidents »

Le détenu : Ah ça ? Bah, c’est pas des insultes, c’est juste une petite mise au point. Il faut se faire respecter par les matons, sinon ils se croient tout permis…

Et puis c’est vrai, les CRI Je m’en bats les couilles…

L’avocat (fataliste) : bon, eh bien avec tout ça, je sens que je tiens ma ligne de défense…

Quelqu’un entre, accompagné d’un surveillant. Le nouveau venu apostrophe Maître VOIDEPLOMB.

L’avocat 2 : Vous êtes qui vous ?

L’avocat : Maître VOIDEPLOMB, je suis l’avocat de permanence, pourquoi ?

L’avocat 2 : je suis Maître VOIDARGENT, collaborateur de Maître VOIDOR qui a été désigné par M. DURACUIRE pour l’assister devant la commission de discipline.

Monsieur DURACUIRE : oh la, oh la, et pourquoi il est pas là VOIDOR ?

L’avocat 2 (sûr de son effet) : il est aux assises, à Nice. Je suis là pour le substituer.

Monsieur DURACUIRE : ah oui ? Aux assises ? Rien que ça ? Ben moi, je veux pas de son collaborateur. Si ma femme vous a laissé dix boulles en liquide, c’est pas pour le collab, c’est pour Maître VOIDOR en personne ! Dix boulles, avec ça j’aurais eu de quoi cantiner une bonne semaine !

L’avocat 2 : vous verrez cela avec le secrétariat du cabinet.

Monsieur DURACUIRE : ah ben non, c’est VOIDOR ou rien.

(il réfléchit)

Dans ce cas, je préfère encore l’avocat gratuit.